Pour répondre à cette question, un chef d’entreprise veut savoir si cela est rentable. Pour des activités avec un fort apport de R&D, cela semble démontrable. Dans les autres cas, il faut peut-être aborder le problème différemment.
Il s’agit de justifier l’Intelligence économique par la nécessité de connaître son environnement et par les coûts directs qui peuvent être engendrés par la méconnaissance de son environnement ou au contraire les bénéfices directs pouvant en être retirés. Il est facile de trouver des exemples ou contre-exemples : un appel d’offre raté ou identifié trop tard, la défaillance d’un fournisseur qui aurait pu être prévue, la connaissance d’un changement de loi devant nécessité la modification d’un produit, des accords d’échanges commerciaux nous ouvrant les perspectives d’un nouveau pays, etc. Autant d’exemples sur lesquels on peut mettre un coût et auxquels une entreprise a de fortes chances d’avoir déjà été confrontée.
Il pourrait être facile de démontrer le retour sur investissement de la mise en place d’un outil de veille surveillant les appels d’offre qui vont sortir. Mais bien que cet exemple soit intéressant, il est fortement réducteur pour ce qu’est l’intelligence économique, allant bien au-delà de la simple mise en place pour une problématique donnée. Il faut penser global, et valoriser l’IE à l’ensemble de l’entreprise afin que cela soit durablement utile. La valeur de l’information est globale dans un monde économique en évolution permanente avec de nouveaux collaborateurs et des informations évoluant au jour le jour. Il faut que les nouvelles personnes dans l’entreprise accèdent aux procédures et informations de manière efficace, même si le précédent collaborateur n’est plus là.
Les dispositifs de veille et d’intelligence économique doivent permettre une optimisation des processus de traitement de l’information. Cela inclut les moyens de la diffuser, de la stocker et de la retrouver. On se trouve aujourd’hui souvent face à des cadres confrontés à une surabondance de l’information allant même jusqu’à accaparer une part importante de leur temps de travail. Les dispositifs de veille peuvent consacrer une partie de leurs moyens à diminuer l’impact de la surcharge informationnelle en rationalisant les circuits de diffusion d’information et en facilitant l’accès aux données utiles aux décideurs.
L’information a de la valeur pour celui qui la connaît ou qui peut facilement y accéder. C’est pour cette raison que l’information doit circuler correctement dans l’entreprise et que les ayants droit puissent la retrouver rapidement. Il faut également protéger certaines informations afin qu’elles ne soient accessibles qu’à la direction pour ne pas risquer des fuites d’informations hautement confidentielles. Pour valoriser ceci, il faudra veiller à ce que l’information soit partagée et diffusée mais de façon limitée à ceux qui en auront une utilité directe.
En tenant compte des points ci-dessus, les entreprises font elles le pas vers une stratégie de mise en place de l’intelligence économique ?
Oui, elles sont nombreuses. La plupart des entreprises cotées au SMI, au CAC40, à Wall Street ont des cellules d’intelligence économique, pour certaines, riches de plusieurs centaines de collaborateurs. Mais ce qui nous intéresse dans la mise en place de ceci chez Digitech, ce sont des entreprises de moins de 500 collaborateurs. En se penchant dans le monde des PME, il y a une quantité de sociétés qui font de l’intelligence économique, même sans le savoir. Elles utilisent les principes des grandes structures, sans être systématiques et organisées, ce qui leurs fait perdre du temps, de l’énergie et cela a comme conséquence d’utiliser des informations pas à jour, ce qui peut parfois être plus dangereux que de ne pas posséder d’information.
Dans les PME, nous retrouvons souvent le terme gestion de la connaissance (Knowledge Management). C’est souvent là-derrière que nous trouvons des processus embryonnaires d’intelligence économique. Malgré tout, la plupart des entreprises ont aujourd’hui compris la place majeure de l’information dans la prise de décision. Et c’est bien de cela dont il s’agit quand on parle d’intelligence économique, transformer l’information en une véritable matière première du dispositif productif !